Mon ami Antonio Albanese a proposé quelques retouches à Muriel Blair. Voici le texte définitif de Muriel. Elle sera là au vernissage, elle a hâte de revoir Antonio
Ma vie est un roman
Saudan a choisi ce titre pour cette exposition, comme il peint, sans se poser de questions. Juste une trajectoire, faite de victoires et de défaites. Il nous envoie ses images, ses décors et ses voyages, jusqu’à en perdre haleine. Car le roman de sa vie, c’est un peu…la peinture.
Saudan est un homme de clan. Une femme et trois enfants. Toujours derrière lui. Et si sa famille a accepté de le partager, c’est avec la peinture.
Ces derniers temps, je l’ai rencontré à plusieurs reprises dans son atelier, préparant cette exposition, se battant avec une nature morte ou une crucifixion, un poignard ou un paysage d’Écosse, une Montagne Sainte Victoire, un nu, un jardin zen, une chaise. Tout s’organise dans ce rapport au monde qui l’entoure. Tout ce qui est vu est peint, recouvert, découvert, effacé, repris, commenté par le trait et le geste, la matière et ses fluidités. Peindre est une victoire. Au-delà de la brutalité, Saudan est un sentimental, un romantique. En cachette, il lit et relit Rimbaud, voue un culte sans limites aux petites perles nichées dans les chansons françaises. Perdu dans le temps suspendu de son atelier, il caresse et recouvre des surfaces pour nous faire comprendre le roman de notre vie. Un endroit où il y a du linge étendu sur la terrasse, où le temps dure longtemps, où il ne manque rien, où la peinture sèche vite, car c’est toujours l’été.
On appelle cela être un peintre.
Muriel Blair, Barra, Scotland