Muriel Blair m'a écrit depuis Barra un texte pour ma prochaine exposition à la Galerie Ligne13 à Carouge/Genève, vernissage le 3 mars. Merci Muriel, je t'aime
Ma vie est un roman
Saudan a choisi ce titre pour cette exposition sans se poser de questions. Juste une trajectoire, faite de victoires et de défaites. Il nous envoie ses images et ses décors, ses voyages, jusqu’à en perdre haleine. Car l’histoire de sa vie, le roman de sa vie, c’est un peu…la peinture. Cette homme, ce peintre, a fondé une famille. Je parle d’un clan, une femme et trois enfants, et jamais la paresse de la vie ne l’a touché, ils sont tous derrière lui. Sa famille a accepté de le partager. Avec la peinture.
Ces derniers temps, je l’ai rencontré à plusieurs reprises dans son atelier, préparant cette exposition, se battant avec une nature morte ou une crucifixion, un poignard ou un paysage d’Ecosse, une Montagne Sainte Victoire, un nu, un jardin zen, une chaise. Tout s’organise dans ce rapport au monde qui l’entoure. Tout ce qui est vu est peint, recouvert, découvert, effacé, repris, commenté par le trait et le geste, la matière et ses fluidités. Peindre se doit d’être une victoire. Au delà de la brutalité ressentie dans un premier élan, Saudan est un sentimental, un romantique. En cachette il lit et relit Rimbaud, voue un culte sans limites aux petites phrases nichées dans les chansons françaises. Alors, perdu dans le temps et dans son atelier, il caresse et recouvre des surfaces pour nous faire comprendre la vie, le roman de notre vie. Un endroit où il y a du linge étendu sur la terrasse, où le temps dure longtemps, où il y a du silence pour respirer, où la peinture y sèche vite, car l’été s’y est installé.
On appelle cela être un peintre.
Muriel Blair, Barra, Scotland