L'Arrière-pays...

Mon ami Frédéric Nicod, l'homme qui met en texte ce que je tente de penser, m'offre à chacun de mes voyages un livre qui va m'accompagner sur le terrain. Cette fois il s'agit de L'Arrière-pays d'Yves Bonnefoy. Je vous livre en toute simplicité les premières lignes, alors que je faisais des photos depuis les fenêtres de mon appartement new yorkais. Comme quoi, le hasard dans la vie n'est rien d'autre que la vie, juste la vie, la vraie. Merci Frédéric
J'ai souvent éprouvé un sentiment d'inquiétude, à des carrefours. Il me semble qu'en ce lieu ou presque: là, à deux pas sur la voie que je n'ai pas prise et dont déjà je m'éloigne, oui, c'est là que s'ouvrait un pays d'essence plus haute, où j'aurais pu aller vivre et que désormais j'ai perdu. Pourtant, rien n'indiquait même ne suggérait, à l'instant du choix, qu'il me fallût m'engager sur cette autre route. J'ai pu la suivre des yeux, souvent et vérifier qu'elle n'allait pas à une terre nouvelle. Mais cela ne m'apaise pas, car je sais aussi que l'autre pays ne serait remarquable par des aspects inimaginés des monuments ou du sol. Toute l'histoire de ma confrontation au monde, à la peinture et donc au monde de la peinture. Bon, je pars manger des sushis.